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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 20:11

Alors chers lecteurs, aujourd'hui, deux boîtes de médicaments vont nous montrer combien l'évolution de l'industrie du médicament peut se lire d'un simple coup d'oeil.

 

Le phénolaxyl :

 

 phenolaxyl1.JPG

 

 

Vous voyez donc ce médicament, préparé par un pharmacien comme l'étaient la plupart des médicaments jusqu'à la moitié du XX siècle.

 

phenolaxyl2.JPG

 

 

Vous pouvez le constater, point de numéro de visa, point de date, point de certificat quelconque, bref, nous sommes dans l'artisanat le plus total. Et c'est bien normal je vous dirais, car la pharmacie française, contrairement à nos voisins allemands ou du Benelux qui l'avait industrialisée, était une pharmacie artisanale. Les médicaments répondaient à peu de normes, si ce n'est la loi post révolutionnaire de 1801, dite Germinal an XI. Cette dernière nous définit le cadre dans lequel peut être produit un médicament:

 

" Toute formule tendant à assurer au Pharmacien fabricant ou répartiteur de produits pharmaceutiques spécialisés ou non le concours d’activités et de ressources émanant de non-pharmaciens intervenant dans la direction effective de l’entreprise, se trouvait entachée d’irrégularité à la base et prenait de ce fait un caractère illégal"

  

Autant vous dire que cette loi rendait difficile l'expansion d'un laboratoire attendu que la main d'oeuvre devait avant tout être composée exclusivement de pharmaciens !

 

 Cette loi va perdurer jusqu'en 1941, où sous le régime de Vichy, encouragé par le maréchal Pétain, Serge Huard alors ministre de la famille et de la santé (créateur de l'INH ancêtre de de l'INSERM, aussi créateur de l'Ordre des médecins sous la pression de l'occupant) fait promulguer une loi. Cette dernière s'inscrit parfaitement dans le prolongement de la "Révolution Nationale", initiée par Vichy. Elle a pour objectif de moderniser l'économie. L'industrie pharmaceutique, considérée alors comme une priorité, et peut être sous l'influence de l'occupant allemand qui avait une vision de cette industrie différente de la vision artisanale, fut ainsi libérée de son carcan:

   

 

" On entend par spécialité pharmaceutique tout médicament préparé à l’avance et dosé au poids médicinal, présenté sous un conditionnement particulier, portant sa composition, le nom et l'adresse du fabricant et vendu dans plusieurs officines"
 

C'est ainsi que les boîtes de médicaments dés 1941 ont dû arborer un numéro de visa. Cette loi indique aussi :

 

 

"...soumet la spécialité pharmaceutique à un contrôle préalable constaté par un visa du Secrétaire d’Etat à la Santé, sur proposition du Comité Technique des Spécialités."

 

 

Voici un exemple de numéro de visa (en bas et en rouge):

 

calmo diger

 

 

Toutefois, une chose demeurera suite à une ordonnance de 1945, 50% du capital de tout laboratoire devra appartenir à un pharmacien ou alors appartenir à l'état.

 

C'est en 1961 que naît la responsabilité pharmaceutique, avec une obligation qu'un pharmacien du directoire assume cette responsabilité. 

 

En 1967, une ordonnance stipule que tout laboratoire doit appartenir à un pharmacien ou compter dans son directoire un pharmacien et aussi crée le concept d'AMM quinquennale.

 

C'est en 1969 qu'est officiellement créée la fonction de pharmacien responsable.  

 

Voilà, une parenthèse qui se ferme, alors à tous et toutes bonne recherche dans vos brocantes. Vous savez maintenant que sans numéro de visa, votre trouvaille date d'avant 1941, avec visa, c'est après 1941 et avant 1967. Puis lorsque vous avez un numéro d'AMM c'est postérieur à 1967.

 

 A bientôt

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